Faisons-en le tour que je vous explique certains détails amusants :
1 – La composition du toit
Lorsque le projet le permet, j’essaie de concevoir des toits intéressants, c’est-à-dire qui ajoutent à la valeur esthétique de la structure par leurs formes, leur épaisseur ou encore leurs textures. Dans ce cas-ci, nous avons décidé de reprendre le même concept que pour le pavillon de méditation balinais construit en 2013. Le toit est formé de 8 couches. Du bas vers le haut :
– la charpente de cèdre, soit les quatre arêtiers et les vingt empannons,
– des pannes horizontales qui viennent lier les empannons et donner une profondeur à la structure,
– des planches de pruche brute verticales qui forment la texture visible de fond vue de l’intérieur du pavillon, et qui rallongent le débord de toit de quelques pouces,
– une membrane autocollante qui assure l’étanchéité de la couverture,
– des montants verticaux permettant une circulation d’air du bas (des fascias) vers le sommet,
– des forences d’épinette comme support aux bardeaux,
– des bardeaux de cèdre comme couverture, et
– des arêtes, des fascias et un chapeau de cèdre comme finition.
Ces huit étages forment un toit riche, à niveaux variés, pour une épaisseur totale (excluant les empannons de la structure) d’environ 5 pouces. Une toiture de bardeaux de cèdre ventilée comme celle-ci aura une bien plus longue durée de vie que si nous avions cloués le cèdre directement sur les planches de pruche. Selon les dires des anciens, ventiler les bardeaux permettra évidemment un séchage en cas de petite infiltration, mais aussi de réduire la température sous la couverture. Les bardeaux de cèdres sont minces et, mal ventilés, le soleil pourrait les brûler en quelques années. J’ai hâte de voir comment va vieillir ce toit!

2 – Les vues à partir du pavillon
Bien implanter un bâtiment dans un espace, qu’il soit urbain ou naturel, crée de nouvelles vues. La nouvelle structure doit évidemment être agréable à regarder des points de vues existants, mais l’inverse (ce que l’on voit quand on est dans la structure) est aussi vrai. Dans ce cas-ci, les pièces de contreventement horizontales qui « ferment » deux des côtés cadrent, selon moi, ces nouvelles vues. Le client et moi, on trouve ça ben ben trippant. Je trouve que ça évoque certaines gravure japonaises très traditionnelles dans les sujets et la technique, mais super audacieuses dans leurs cadrages, comme celles-ci, mettons :

Je pousse un peu fort, mais quand même, voyez un peu ce que je veux dire:
3 – Le plancher
Construire un plancher de bois qui va recevoir de l’eau, de la neige et du soleil, c’est toujours un défi. Je ne connais pas la façon d’en faire un vraiment durable, disons autant que la charpente. Certains m’ont parlé de l’ipé, bois exotique extrêmement dense (et coûteux) qui a une résistance hallucinante aux intempéries. Peut-être qu’un tel matériau pourrait durer 50 ans? 75? Encore plus? C’est possible, et je suis ouvert à l’idée d’expérimenter là-dessus un jour, quand un projet s’y prêtera. Pour l’instant, j’aime mieux considérer le plancher (et la toiture, d’ailleurs) comme un élément de finition séparé, et facilement remplaçable lorsqu’il aura trop vieillit. Je m’aide toutefois en utilisant du cèdre et en lui appliquant un produit de protection naturel. Je lui donne une chance aussi en prévoyant du mieux que je peux le parcours que l’eau fera sur sa surface, ou elle ira s’accumuler et comment elle pourra être évacuée. Ce que j’ai choisi de faire ici, c’est de placer sur le contour de larges planches directement au dessus des poutres de plancher, afin de protéger ces dernières. L’eau peut couler directement vers l’extérieur, ou vers l’intérieur, dans un espace d’environ 3/8ème de pouce continu qui mène directement au sol. Au centre, là où le plancher est moins exposé, j’ai embouveté les planches et les ai posées à 45 degré (pour des raisons esthétiques). Le bois embouveté à l’extérieur peut être risqué, mais dans ce cas-ci, aucune humidité ne sera emprisonnée trop près de la charpente, et c’est elle que je cherche à protéger. L’eau qui pourrait pénétrer dans les embouvetures du plancher devrait sécher facilement, puisqu’il est à près de 20 pouces du sol et que tous les côtés sont complètement ouverts.

4 – Le mandala
Les trois premières étapes du toit (la charpente, les pannes et les planches) sont visibles de l’intérieur du pavillon, et créent un plafond riche en texture différentes et en profondeur. Ils créent aussi un quadrillage symétrique, à la façon d’un mandala. Pour que l’effet soit réussi, j’ai du tailler le sommet des arêtiers de façon à ce qu’ils créent un point central précis.


Déjà terminé que je commence un autre projet en pruche dont je vous présenterai certains détails dans les prochaines semaines. Merci d’être passé me lire!